Poèmes
Correspondances
L'espoir têtu
Le corps se grippe
La peau se fripe
Tripes se crispent
Les mots s'effacent
La tête est lasse
Jour après jour et en silence
La mort avance
Dans le grand vide de l'absence
Pour éroder et enflammer
Mon triste corps abandonné
Emu de cet espoir têtu
Enraciné dans un sol nu.
L'inversion mélancolique. Arthur H.
Lilith
Si au Moyen-âge vivais
Au bûcher serais condamnée
Pour être envoûtée, possédée.
A l'exorciste m'suis confiée
Mais l'Amour de lui s'est joué.
Braves gens, dressez le bûcher.
La torche inutile sera
Le feu de la belle l'embras'ra.
Au sabbat chan(ent) les Amoureuses
Bacchantes et sorcières en choeur
Autour de leur Désir vainqueur.
Crépite et flamboie le bûcher
Du feu clair de la Liberté
De la liberté d'aimer.
Dieu le père a enfin compris
Qu'il n'aurait pas la p(e)tite Marie.
Fanatisme
Lilith. Dark Music
Chantez-moi ce qui n'existe pas
Chantez-moi c'qui n'existe pas
Le reste, je connais déjà
Quand lasse du beau chant serai
Reviendrons à Réalité
De ce voyage garderons
Souvenir de l'île d'Avalon.
Ce poème m'a été inspiré par la si belle requête d'Aliénor d'Aquitaine à ses troubadours: "Chantez-moi ce qui n'existe pas."
Bernard de Ventadour. Quand vole l'alouette.
De fine amor. Thibaut de Champagne.
De fine amor vient seance et biautez
Dame, vers vos n’ai autre messagier
Par cui vos os mon corage envoier
Fors ma chançon, se la volez chanter.
Et amors vient de ces deus autressi.
Tuit troi sont un, que bien i ai pensé,
Ja ne seront a nul jor departi.
Par un conseil ont tuit troi establi
Lor correors, qui sont avant alé.
De moi ont fet tout lor chemin ferré,
Tant l’ont usé, ja n’en seront parti.
Li correor sunt de nuit en clarté
Et de jors sont par la gent obscurci.
Li douz regart et li mot savoré,
La grant biauté et li bien que g’i vi,
N’est merveille se ce m’a esbahi.
De li a Dex cest siecle enluminé:
Quant nos aurons le plus biau jor d’esté
Lés li serait obscurs de plain midi.
En amor a paor et hardement.
Cil dui sont troi et dou tierz sont li dui,
Et granz valors s’est a aus apendanz
Ou tuit li bien ont retrait et refui.
Por ce est amors li hospitaus d’autrui
Que nus n’i faut selonc son avenant.
Mès j’ai failli, dame qui valez tant,
En vostre ostel, si ne sai ou je sui.
Je n’i voi plus mes a lui me conmant,
Que toz penserz ai laissiez par cestui.
Ma bele joie ou ma mort i atent,
Ne sai lequel, desques devant li fui.
Ne me firent lors si oeil point d’anui,
Ainz me vindrent ferir si doucement
Dedens le cuer d’un amoreus talent,
Q’encor i est le cox que j’en reçui.
Li cox fu granz, il ne fet qu’enpirier;
Ne nus mirez ne m’en porroit saner
Se cele non qui le dart fist lancier,
Se de sa main me voloit adeser.
Bien en porroit le cop mortel oster
A tot le fust, dont j’ai tel desirrier;
Mès la pointe du fer n’en puet sachier,
Qu’ele brisa deudenz au cap douner.
[Dame. vers vos n’ai autre messagier
Par cui vos os mon eorage envoier
Fors ma chançon, se la volez chanter.
Thibaut de Champagne. De fine amor.
Traduction
Des chansons d'amour viennent la beauté et le respect
Dame, je n’ai d’autre messager
Par qui j’ose vous envoyer ce que j’ai dans le cœur,
Sinon ma chanson, si vous voulez bien la chanter
Et l’amour procède lui aussi de ces deux-là.
Tous trois ne font qu’un, j’y ai bien réfléchi,
Et jamais ils ne pourront être séparés.
D’un commun accord, ils ont tous trois désigné
Leurs messagers, qui ont pris les devants.
Ils ont fait de moi leur grand chemin,
Et l’ont tant parcouru qu’ils n’en partiront pas de sitôt.
Ces messagers-là sont dans la lumière pendant la nuit
Et le jour, à cause des gens, ils sont dans l’obscurité.
Le doux regard et les paroles suaves,
La grande beauté et les qualités que je vis en elle,
Rien d’étonnant si j’en ai été tout ébahi.
Par elle Dieu a illuminé ce monde :
Si nous avions le plus beau jour d’été,
Il serait obscur auprès d’elle, en plein midi.
Dans l’amour, il y a crainte et hardiesse.
Ces deux-là sont trois, et ils procèdent du troisième ;
Une grande valeur s’est attachée à eux,
En laquelle se sont réfugiés tous les biens.
Amour est le logis qui accueille tous les autres,
Car nul ne manque d’y trouver la place qui lui convient.
Mais moi, dame qui avez tant de valeur, j’ai échoué à me loger
En votre maison, et je ne sais plus où je suis.
Je ne vois plus que faire, sinon me recommander à elle,
Car je n’ai plus d’autre pensée que celle-ci.
J’en attends ma belle joie ou ma mort,
Je ne sais laquelle des deux, depuis que je me trouvai devant elle.
Alors ses yeux ne me causèrent point de contrariété ;
Au contraire, ils vinrent me frapper si doucement
Ataraxie
C'est l'histoire d'une femme qui passait sa vie à attendre l'Amour.
1
Sa passion à elle
C'était l'Amour.
Elle l'attendait
Jour et nuit
Et elle en oubliait
La vie.
2
Son premier ce fut un tueur.
Fou qu'il était le géniteur.
Boire et détruire
Etaient sa vie.
L'Assommoir a tout englouti.
Sa mère,elle,ne grandit pas
Petite fille elle resta.
3
Son second ,un(e) merde c'était
Lâche,poltron,salaud parfait.
Espagnol était le goret,
Duran pourtant qu'il s'appelait.
Il croyait que tout s'achetait
Et se jetait
Quand il voulait.
4
Ses troisièmes fur(ent) ses amoureux.
En vie se sentait avec eux.
Son corps était bien réchauffé
Mais son coeur,lui,restait glacé.
5
Son quatrième elle l'épousa.
Sage et fidèle il lui resta.
Mais sa passion à lui
C'était les galaxies .
Sou(s)l' signe de la Vierge
Il naquit.
6
Son cinquième ce fut l'Amour.
D' Orphée il avait la douceur
Et de Tristan l'ardeur du coeur
Mais l'homme un mythe demeura
Et seul(e) en son lit la laissa.
7
Son sixième ce fut sa fille.
Auraient pu vivre à l'unisson.
Mais Musique est
Sa seule passion.
Avec ses potes et leurs bassons
Elle monta si fort le son
Qu'elle n'entendit plus sa chanson.
8
Son septième ce fut son chien.
A la SPA
Elle alla
Le chercher
Un beau jour de mai.
Mais l'animal avait si peur
Que lui aussi rej'ta son coeur.
Et au lieu d' l'amour attendu
C'est une morsure qu'elle eut.
9
Au château de Morte Colombe
C'est là qu'elle vit désormais.
De l'Amour elle s'en balance
Elle s'en fout
Ne l'attend plus.
Le cherche plus.
De cet espoir elle est guérie.
Ataraxie ou atonie?
Mais avec Passion sont partis
Vifs désirs et rêves aussi.
Seule Tendresse est restée.
Tout le reste s'est envolé.
Ataraxie. Musique d'Elsa Laborde.
Le vieux Voltaire était déjà arrivé à la même conclusion dans sa lettre à son amie, Madame du Châtelet.
Lettre de Voltaire à Madame du Châtelet
Si vous voulez que j’aime encore,
Rendez-moi l’âge des amours ;
Au crépuscule de mes jours
Rejoignez, s’il se peut, l’aurore.
Des beaux lieux où le dieu du vin
Avec l’Amour tient son empire,
Le Temps, qui me prend par la main,
M’avertit que je me retire.
De son inflexible rigueur
Tirons au moins quelque avantage.
Qui n’a pas l’esprit de son âge,
De son âge a tout le malheur.
Laissons à la belle jeunesse
Ses folâtres emportements.
Nous ne vivons que deux moments :
Qu’il en soit un pour la sagesse.
Quoi ! pour toujours vous me fuyez,
Tendresse, illusion, folie,
Dons du ciel, qui me consoliez
Des amertumes de la vie !
On meurt deux fois, je le vois bien :
Cesser d’aimer et d’être aimable,
C’est une mort insupportable ;
Cesser de vivre, ce n’est rien.
Ainsi je déplorais la perte
Des erreurs de mes premiers ans ;
Et mon âme, aux désirs ouverte,
Regrettait ses égarements.
Du ciel alors daignant descendre,
L’Amitié vint à mon secours ;
Elle était peut-être aussi tendre,
Mais moins vive que les Amours.
Touché de sa beauté nouvelle,
Et de sa lumière éclairé,
Je la suivis; mais je pleurai
De ne pouvoir plus suivre qu’elle.
Si vous voulez que j'aime encore. Daniel Auteuil.
Histoire de la Morte Amoureuse
Paysage d'hiver. Caspar David Friedrich.
Il ne demandait qu'à l'aimer
Elle le savait et le voulait
Mais avant il fallait tuer
Ceux qui l'avaient désespérée.
Quand le travail fut achevé
Elle vit tout c'qui était cassé.
Pour qu'il ne tombât pas dans l'oubli
Elle offrit à l' Amour un abri.
C'est un livre qu'elle choisit.
Les Morts Amoureux l'appela.
Le souvenir il gardera
D'un coeur mort qui ressuscita.
Midnight's tale. Adrian von Zeigler.
Brocéliande
Louis Aragon
Celui qui ressuscite est un enfant des fées.
Rien ne finit jamais comme on voit dans les livres
Une mort un bonheur après quoi tout est dit
Le paladin jamais la belle ne délivre
Et du dernier baiser renaît la tragédie
La vie est une avoine et le vent la traverse
Sans y trouver jamais un accord résolu
Et le monde est pareil à l'antique forêt
Où dorment la licorne et le chardonneret
La fée a fui sans doute au fond de la fontaine
Et la fleur se fana qui chut de son corset
Rien ne palpite plus des vieilles saturnales
Ni les rondes de lune où les lutins dansaient
Les rêves de chez nous sont mis en quarantaine
Mais le bel autrefois habite le présent
Le chèvrefeuille naît du cœur des sépultures
E l'herbe se souvient au soir des vers luisants.
Broceliande. Musique celtique. Harpe et violon. Jenlisisters.
Ballade celtique. Jenlisisters.
Dame suis vôtre...
Poème de Bernard de Ventadour XII siècle. Chanté par Henri Gougaud dans son album "Henri Gougaud chante les troubadours".